[AVEC MAGIE] [Flash-Back] Une histoire de vol qui vous assomme | feat. Nathaniel Singh
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Caesar Lynch
Membre d'Hydra Roar
Sam 17 Déc 2022 - 0:40
« Une histoire de vol qui vous assomme »
avec Nathaniel Singh qui est vraiment trop beau quoi
Caesar adorait sa profession de marchand. C'était là qu'il était le plus à l'aise, car il préférait par dessus tout que les gens lui résistent et tentent de négocier. Il avait pratiquement tout le temps le dernier mot et il appréciait beaucoup ces joutes verbales. Un autre aspect de son travail était la découverte de nouveaux objets, d'antiquités, de morceaux de lacrimas rares, ou juste de babioles qui, avec un bon discours bien servi, pouvaient partir à des prix indécents. Il était doué dans ce qu'il faisait et il aimait ça. Alors forcément, quand il a découvert qu'une partie de ses "bijoux" qu'il affectionnait tant et qu'il avait obtenu à la sueur de son front, avait disparu, son monde s'effondra.
De toute sa vie, Caesar n'avait jamais cru que LUI, le plus fier de la misérable lignée des Lynch, pouvait être victime de vol. C'était un SCANDALE et il ne savait pas quoi faire. Admettre s'être fait rouler était au-delà de ses forces, donc aller voir un policier par extension était inadmissible. En plus, Mélusine allait l'apprendre et se foutre de sa gueule voire avoir envie de lui mettre quelques coups de pieds dans les côtes. Non bien sûr, il n'était pas un enf... un homme battu, mais l'idée qu'on puisse lui renvoyer à la figure d'une manière ou d'une autre, par une plaisanterie légère ou par vice pure, l'existence de son échec était épouvantable. Oui, il avait été volé, et oui, il s'agissait de quelques marchandises, mais même si ce n'était pas des plus dramatiques, son commerce et les commandes qui lui avaient été faites allaient être impactés, et donc sa réputation de marchand honnête également. Ses clients qui se fournissaient chez lui, car il détenait souvent des trouvailles plutôt rares, allaient sûrement remettre en question sa fiabilité. Il en était hors de question. Alors finalement, peut-être qu'il devrait aller demander de l'aide à des soldats du royaume, qui représentaient ainsi la police de celui-ci ! Quel affront, mais d'un autre côté, mettre de côté son ego était moins grave que de perdre de la clientèle, et encore plus d'ego du coup par la même occasion.
Heureusement, il n'avait pas besoin de demander de l'aide, puisque dans l'allée marchande où il officiait, les rumeurs de vols s'était rapidement répandues, alors que ça ne faisait que quelques jours qu'il avait constaté celui qui avait été commis à son encontre. Quelques jours durant lesquels il avait sécurisé le reste de sa marchandise et tenter d'enquêter par lui-même, mais vainement. Les vols allaient reprendre et une partie de son stock allait de nouveau disparaître, mais au moins, il n'était pas le seul commerçant affecté. Très vite le syndicat composé des plus gros marchands s'était plaint et alors une enquête officielle avait été lancée. Ils avaient bien fait de se bouger parce que lui il n'avait pas que ça à faire, il avait déjà beaucoup recherché de son côté les coupables et ça lui avait pris un temps fou, mais peut-être que travailler seul à l'aveugle avait été voué à ne rien apporter de concret. Était-ce vraiment à cause de ça, ou bien d'autres choses qu'il n'avait pas vues non plus ? Impossible de savoir pour l'heure. Les différents commerçants lui avaient demandé ce qu'il avait vu, à lui qui était plutôt bien apprécié parmi tout ce petit monde, et il n'avait rien pu leur apporter. Eux non plus, d'ailleurs, ces incapables.
Du coup, évidemment, il prit la chose un peu plus au sérieux quand c'étaient les fameux soldats du royaume qui vinrent à lui. Enfin, un seul en fait. C'est une blague ? Ils ne voulaient vraiment pas qu'ils retrouvent sa marchandise, c'est ça ? Ils travaillaient tous de mèche pour essayer de le faire tomber parce qu'il gagnait un peu trop bien sa vie, c'était forcément quelque chose comme ça. Sa méfiance était donc, encore une fois, à son paroxysme quand un soldat se présenta à lui.
La vie et le travail à Crocus étaient loin d’être tranquilles, ce qui était loin d’être surprenant pour la capitale et plus grande ville du royaume. Il y avait toujours une embrouille entre voisins ou un voleur à la petite semaine à capturer. Cela avait pour avantage d’être en général rapide à régler, mais malheureusement, cela entraînait aussi beaucoup de paperasse à remplir, ce qui était déjà beaucoup moins intéressant pour le métis que le travail de terrain. C’était d’ailleurs une nouvelle affaire de vol qui allait l’occuper pour les prochains jours, mais cette fois-ci le voleur semblait plus organisé que la majorité des criminels dans son genre. Apparemment, plusieurs commerçants de la ville avaient rapporté des vols dans leurs réserves. Cela semblait avoir lieu pendant la nuit et certains semblaient avoir été victimes des larcins plusieurs fois. Ce phénomène se répandait un peu partout en ville, mais les commerçants de l’allée marchande semblaient les plus impactés.
L’affaire semblant assez courante, Nathaniel fut le seul réquisitionné pour s’en occuper. Pour commencer, le jeune homme devait se rendre sur place et questionner les victimes. Peut-être que l’une d’entre elles aurait une caméra de surveillance qui aurait pu filmer quelque chose d’intéressant. Il ne le saurait pas avant de s’être rendu sur place. Le jeune homme passa donc récupérer ce dont il pourrait avoir besoin et se prépara avant de finalement quitter la caserne pour se mettre au travail.
Il se rendit donc dans les premières boutiques, notant toutes les déclarations des propriétaires, notant les jours où les vols avaient eu lieu, quand est-ce qu’ils s’en étaient rendu compte, ce qui avait été volé, bref toutes les informations qui pourraient s'avérer importantes plus tard. Il fit ainsi le tour de plusieurs boutiques avant d’arriver celle de Caesar. Après avoir fait quelques pas à l’intérieur du magasin, son regard fut attiré par les différents objets se trouvant un peu partout et qui étaient plutôt sympas. Il se reprit pourtant, afin de se montrer plus sérieux. Il n’était pas en train de faire du shopping, mais de travailler. Il s’approcha donc de la personne au fond de la pièce.
“Bonjour monsieur. Je m’appelle Nathaniel Singh, envoyé pour enquêter sur les vols. Vous êtes le propriétaire de cette boutique ?”
Lorsqu’il eut la confirmation qu’il parlait au propriétaire, il hocha la tête.
“Vous avez une belle boutique” Dit-il en souriant alors qu’il sortait de quoi écrire. “J’aurais quelques questions à vous poser. Il y a eu plusieurs cambriolages dans les boutiques de l’allée, est-ce qu’on vous a également dérobé des produits ?”
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Quelqu'un s'était pointé dans sa boutique et semblait admirer ce qu'il vendait. Et ouais, c'était plutôt pas mal hein ? Achète achète achète ! Il l'observa quelques instants. Cheveux blancs et peau mate, l'inverse de lui physiquement parlant. Etait-ce un soldat du royaume ? On lui avait dit qu'on lui en enverrait sans préciser le nombre, donc il espérait que c'était une blague ou que ce mec était très très compétent parce que sinon il allait finir complotiste, au même titre que ces vieux qui postent sur les réseaux que le gouvernement veut leur implanter des puces via les vaccins pour les contrôler. Caesar affichait une mine neutre, jusqu'à ce que la personne se présente, et effectivement il s'agissait d'un soldat. Il lui répondit qu'il était bien le propriétaire oui, avant d'hocher lui aussi la tête à sa remarque sur sa boutique. Oui, elle était belle, n'est-ce pas ? Répondant à son sourire, il le vit sortir avec sérieux de quoi noter, il allait manifestement prendre sa déposition. Il salua intérieurement son sérieux mais n'était toujours pas convaincu. Enfin bon, il ne le serait que lorsqu'il aurait retrouvé l'intégralité de ce qu'il lui a été volé. A ses questions, il perdit son sourire pour afficher une mine sérieuse.
- Effectivemment, on m'a volé il y a de ça quelques jours. Je ne suis pas sûr que vous serez très efficace puisque je n'ai moi-même trouvé aucune piste, dit-il en affichant un visage dépité, mais on peut toujours essayer hm ?
Caesar pensait sincèrement qu'il serait difficile de trouver une piste : cela faisait déjà plusieurs jours, le vol n'avait pas encore été répété, il avait enquêté en usant de méthodes peu légales comme espionner tous ses voisins commerçants, se renseigner auprès de personnes très peu fréquentables, qui regardaient plutôt du côté du marché noir et n'y avaient pas vu le moindre bout de sa marchandise... Alors forcément, il était à court d'idée. Son but n'était pas là de prendre de haut les soldats du royaume, mais c'est vrai qu'il avait un peu de mal à penser qu'ils allaient pouvoir faire plus que lui, avec ou sans lui d'ailleurs.
- J'avoue avoir un peu abandonné avec mes recherches, je me suis contenté de sécuriser le reste de ma marchandise. Mais j'imagine que si nous travaillons ensemble, nous pourrons peut-être arriver à trouver le coupable ?
Finissant encore sa phrase par une interrogation, il fit un sourire au soldat, qui semblait simplement vouloir que les choses rentrent dans l'ordre, alors inutile de s'en prendre à lui non ? Il plongea ses yeux bleus dans son regard améthyste. De belles prunelles avec une couleur très particulière, pensa-t-il. Il lui tendit sa main gantée.
- Enfin, j'en perds mes bonnes manières. Enchanté, Nathaniel Singh, je suis Caesar Lynch, dit-il avec un sourire poli.
Un nouveau cambrioleur semblait avoir pris la capitale comme terrain de jeu. Même si celui-ci semblait plus organisé et professionnel que ceux sur qui le soldat avait pu travailler jusqu’à présent. L'enquête n’en étant qu’à ses débuts, la première chose à faire pour le métis fut de se rendre à l’allée commerçante afin d’interroger les vendeurs et victimes. Après quelques boutiques, le jeune homme entra dans celle de Caesar. Après avoir observé un instant ce qui était vendu, il se dirigea vers la personne au fond et se présenta avant de demander s’il s’agissait du propriétaire, gagnant du temps, car il s’agissait bien de lui. Avant toute chose, l’enquêteur devait être sûr que son interlocuteur avait été victime de vol, il le questionna donc à ce sujet tout en se tenant prêt à noter les informations que pourrait lui donner le marchand.
Apparemment, il faisait bien parti de la liste des victimes et avait même commencé à enquêter de son côté, il faudrait que Nathaniel pense à lui demander ce qu’il avait trouvé, peut-être que ça pourrait l’aider dans sa propre enquête. Caesar semblait pourtant bien pessimiste quant aux possibilités de retrouver celui qui se cachait derrière ces vols ainsi que ce qui avait été dérobé.
“Ne vous en faites pas, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver ce voleur. Les criminels finissent toujours par commettre une erreur et se faire attraper, celui-ci ne fera pas exception à la règle !”
Répondit-il à la première question du jeune homme, en souriant, avant que celui-ci avoue avoir abandonné ses recherches et avoir sécurisé ce qui restait de sa marchandise. Le soldat fut surpris de la proposition du marchand qu’ils travaillent ensemble pour retrouver le coupable. Il comprenait très bien la frustration que devait représenter le fait de n’avoir aucune information et de devoir laisser cette affaire entre les mains d’un inconnu, après tout, la survie de son commerce dépendait peut-être de la capacité de Nath à retrouver la marchandise disparue, mais il se voyait mal demander l’aide d’un citoyen pour faire son travail, surtout que ce dernier ne pourrait pas tenir sa boutique en même temps et risquait de rater des ventes, ce qui serait encore plus mauvais pour ses affaires. Il “bugga” donc quelques secondes avant que l’homme tende la main vers lui en se présentant. Ceci ayant pour effet de ramener le métis à lui. Serrant la main de l’homme, il hocha la tête en souriant.
“Enchanté monsieur Lynch.” Il relâcha la main de l’homme en face de lui et reprit la parole. “Je vous remercie pour l’assistance que vous me proposez, mais je ne peux pas accepter. Ce ne serait pas sérieux, ou professionnel, de vous faire perdre des journées de travail pour m’aider sur cette enquête.”
Le bien-être et la sécurité des citoyens étaient importants, et laisser ce jeune homme enquêter à ses côtés irait à l’encontre de ces deux éléments. Mais il ne comptait pas laisser totalement le marchand de côté, après tout, ce dernier lui avait dit avoir commencé à enquêter, il allait donc pouvoir l’aider quand même en lui partageant les informations qu’il avait déjà.
“Tout à l’heure, vous m’avez dit que vous aviez enquêté aussi. Est-ce que vous pouvez me dire ce que vous avez trouvé ? Et ensuite, j’aimerais voir l’endroit où vous entreposez votre marchandise.”
Le soldat reprit correctement son calepin et son style pour pouvoir noter les informations du propriétaire des lieux, si celui-ci acceptait de les partager, même si Nathaniel refusait qu’il l’accompagne sur le terrain pour enquêter.
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Il était confiant, ce Nathaniel. Il se voulait probablement aussi rassurant face à la réticence de Caesar, alors qu'il aurait pu l'envoyer chier et juste lui demander d'accoucher des informations qu'il avait sans plus de cérémonie. Faire un travail pareil demandait sûrement pas mal de résilience, mais bon celui de commerçant aussi, alors il comprenait sa politesse. Il devait être plus doux et indulgent avec lui qui n'avait rien demandé !
Puisqu'il pensait sincèrement que chaque criminel finissait par faire des erreurs fatales, Caesar se demandait quand est-ce que lui-même en ferait une. Après tout, il faisait partie d'une organisation criminelle qui commettait, enfin, de temps à autre, des actions illégales. Mais bien sûr, le Lynch ne faisait aucune erreur, alors ce n'était pas demain la veille qu'il allait se faire attraper. De toute façon, faire des saloperies, il laissait ça aux autres moins malins que lui. Et puis il ne se voyait pas vraiment comme un criminel, simplement un homme qui savait répondre à ses besoins ! Il restait élégant, alors n'allez pas lui dire qu'il est un malfrat, ça non.
D'ailleurs, ce Nathaniel aussi était très élégant. Son sourire lui donnait envie de sourire également tant l'homme semblait agréable. Il lui serra la main, aussi gantée que la sienne, ce qu'il apprécia tout autant. En revanche, il se retint de grimacer lorsqu'il refusa sa proposition de l'assister, sous couvert que ça n'allait pas être "sérieux" ou "professionnel". Le truc, c'est que Caesar s'en foutait pas mal que le soldat trouve que ça allait donner l'impression qu'il n'était pas sérieux dans son travail, car cela prévalait qu'il retrouve ses marchandises. Nathaniel ne semblait pas réaliser que Caesar voulait l'aider pour s'aider lui-même, principalement. Il afficha une moue dépitée quand le soldat lui posa des questions, avant de faire un petit sourire.
- Je pourrais vous dire ce que j'ai trouvé si vous me laissiez vous aider sérieusement, car mes informations toutes seules ne serviront pas à grand chose... dit-il avec un ton plein de sous-entendus. Il ne comptait pas laisser Nathaniel se débarrasser de lui comme ça ! Il s'agissait de SES affaires alors il fallait qu'il s'en occupe aussi. Je peux me montrer très professionnel même en laissant ma boutique fermée, ajouta-t-il, à deux doigts de faire un clin d'oeil, ce qui le fit rire intérieurement car le soldat allait sûrement penser qu'il flirtait avec lui. Son ton le suggérait, mais il voulait surtout essayer de le déstabiliser, lui qui, à son contraire, à l'heure actuelle en tout cas, était infiniment plus professionnel que lui.
- Enfin, je ne doute pas de votre capacité à pouvoir coincer les criminels qui font des erreurs, bien sûr, mon cher Nathaniel ! Mais ceux-ci ne veulent décidément pas en faire, dit-il ensuite dramatiquement, en ouvrant ses bras pour ensuite hausser les épaules. Peut-être pouvons-nous en parler plus attentivement dans l'arrière de ma boutique, si vous voulez bien me laisser vous aider à m'aider, ajouta-t-il avec une moue songeuse, suggérant à Nathaniel l'idée.
Il espérait, toutefois, que le Singh n'ait pas l'impression de se faire attirer dans son arrière salle à la manière d'un grand gaillard de 57 ans, qui attirerait des petits enfants dans sa camionnette avec des bonbons.
Rassurer les victimes faisait également partie de son travail et l'inquiétude des dites victimes étaient légitime, pourtant, c’était bien la première fois que l’une d’entre elles insistait autant pour mener l’enquête à ses côtés. Évidemment, le métis le remercia de l’aide qu’il voulait apporter, mais refusa. Décidant de ne pas s’attarder sur cette demande surprenante de la part du commerçant, le soldat commença à l’interroger sur les informations qu’il disait avoir trouvées et lui demanda également de le mener à son lieu de stockage. Malheureusement, l’homme en face de lui semblait aussi têtu que lui et ne voulait pas abandonner l’idée de se joindre à l’enquête. Ce fut la seule chose qu’il nota de ce que venait de dire le marchand. Nathaniel ne se rendit absolument pas compte que ses paroles pouvaient avoir un double sens et être prises pour du flirt.
“Je ne doute pas que vous puissiez être professionnel en laissant votre boutique fermée, mais cela vous ferait perdre des clients.”
Caesar ne lâchait vraiment pas l’affaire, lui proposant d’en parler à l’arrière de la boutique, certainement l’endroit où il rangeait ses stocks, ce qui ne fit donc pas peur au soldat et ne lui fit pas penser qu’il pourrait tomber dans le piège d’un vieux monsieur proposant des bonbons aux enfants.Le problème ici était que l’homme en face de lui ne reviendrait pas sur son idée de lui venir en aide et le non-mage ne voulait pas non plus revenir sur son idée qu’il ne pouvait pas laisser un honnête (lol) citoyen se retrouver pris dans une histoire qui pourrait lui causer des problèmes. Il était hors de question qu’il laisse le marchand se mettre en danger. Ça, c’était son rôle à lui en tant que soldat ! Pourtant, leur histoire n’allait absolument pas avancer si l’un d’eux ne capitulait pas et contrairement à Caesar, Nathaniel avait des supérieurs à qui rendre des comptes, il était donc obligé de mettre de côté son opinion. Il soupira donc avant de regarder très sérieusement son interlocuteur.
“Vous êtes têtu, monsieur Lynch. Je vous autorise à m’aider dans cette enquête, mais à une condition. Vous ferez tout ce que je vous dis, même si je vous demande de partir pour une raison quelconque. C’est d’accord ?”
Normalement, les choses ne devraient pas mal tourner, après tout il ne s’agissait que d’un voleur, mais il préférait être sûr. Et il ne laisserait absolument pas le choix à Caesar. Maintenant qu’ils pouvaient avoir un terrain d’accord, il était temps de se remettre au travail.
“Si c’est bon pour vous, je vous suis à l’arrière de la boutique. C’est là que vous rangez vos stocks ?”
Son calepin toujours à la main, le métis suivit donc son partenaire improvisé vers le lieu du crime.étant donné la motivation de Caesar, ce dernier avait probablement déjà passé le lieu au peigne fin à la recherche d’indice, mais cela n’empêchait pas le jeune homme d’y jeter un oeil également. Ayant une vision différente et plus objective de l’histoire, il verrait peut-être des choses qui avaient manqué au propriétaire des lieux.
“Est-ce qu’il s’est passé quelque chose de particulier quelques jours avant que vous remarquiez le vol ? Un client un peu étrange, une personne qui posait beaucoup de questions ?”
avec Nathaniel Singh qui est vraiment trop beau quoi
Caesar devait être incroyablement chiant à insister autant, mais il se devait de s'impliquer pour le bien de son commerce ! En revanche, quand le soldat lui fit savoir que fermer risquerait de lui faire perdre des clients, il devait avouer qu'il n'avait pas tort. Mais ne plus pouvoir proposer de grandes variétés de produits à cause de vol comportait autant de risques à ses yeux. Lorsqu'il abdiqua en lui autorisant à mener l'enquête avec lui, Caesar eut un grand sourire aux lèvres, qu'il ne put cacher ni ne le souhaitait. Il était si heureux ! Même si cela signifiait suivre les directives du représentant du gouvernement présent dans sa boutique. Il hocha la tête vivement, montrant qu'il était bien d'accord avec ses contraintes.
- Vous ne le regretterez pas ! s'exclama-t-il avant que le métis ne lui propose de le suivre dans l'arrière-boutique, lui demandant si c'était là qu'il rangeait sa marchandise. Effectivement, c'est bien ici que je range tout ce dont j'ai besoin, mais ne vous en faites pas, c'est très bien organisé, dit-il, non peu fier de son sens de l'ordre.
Il voyait bien que Nathaniel était quelqu'un de très sérieux dans son travail, avec son calepin à la main, s'apprêtant à prendre toutes sortes de notes qui les aideraient dans leur entreprise. Si quelque chose de particulier s'était déroulé ? Caesar réfléchi quelques instants.
- À vrai dire, il y a eu à quatre ou cinq reprises deux enfants qui me demandaient si je comptais prendre une pause à une heure spécifique. Généralement, je prends une pause de 12h30 à 12h45, et je ferme tout derrière moi.
Quinze minutes, c'était bien plus qu'il n'en fallait au Lynch pour : ingérer son déjeuner (3 minutes), un dessert (1 minutes), se dégourdir les jambes (4 minutes), prendre un café et consulter les offres sur Internet (7 minutes), notamment sur "Le bon p'tit coin", mais ça ce n'était pas qu'à sa pause bien sûr, pour dénicher des babioles à moindre coût.
- La semaine dernière, je me suis senti mal, comme une fièvre soudaine, mais je suis sûr d'avoir fermé derrière moi, continua-t-il.
Caesar réfléchissait intensément. Les deux gosses qui s'étaient montrés aussi insistants lui avait paru étranges. Mettons qu'il ait oublié de fermer une porte, que ce soit celle de devant ou derrière, pourquoi seulement une partie de la marchandise avait disparu ? N'aurait-il pas été plus simple de fouiller dans la caisse aussi, pour prendre la recette du jour et le fond de caisse ? Ce n'était pas logique. Est-ce qu'il était question de chercher quelque chose de précis ? Un objet d'une grande valeur peut-être ? Il réfléchissait fortement à ce qu'on pourrait essayer de lui voler. Il y avait des objets de grande valeur dans la marchandise qui avait été volée, mais rien d'incroyablement spécifique ou unique. Il y avait quelque chose qui clochait mais il ne saurait dire quoi, alors pour l'heure il passa simplement une main derrière sa nuque, regardant Nathaniel qui notait sur son calepin. Il lui ferait part de ses théories une fois qu'il aurait mis le doigt sur du concret. Pour l'instant, il allait lui faire part de ses doutes, et ensuite il écouterait ce qu'il pourrait avoir remarqué. Peut-être qu'il pourrait l'aider à y voir bien plus clair que s'il réfléchissait seul dans son coin.
- En fait, à la réflexion, ces gamins faisaient sûrement du repérage. Mais moi, me faire avoir par des enfants ? s'exclama-t-il avec désarroi. Je préfère être foudroyé sur place ! ajouta-t-il avec un ton presque dramatique, faux bien sûr, il n'était pas non plus une drama queen.
Caesar était persuadé que si ces enfants étaient dans le coup, alors ils devaient être simplement des larbins en bas de l'échelle et pas les vrais auteurs. Mais peut-être que Nathaniel remarquerait des indices laissés dans son stock, parce que lui n'avait pas vu grand chose, malgré son goût pour le détail.
Cela n’aurait tenu qu’à lui, il aurait continué de refuser l’aide du commerçant. Mais il ne pouvait pas bloquer la situation en étant têtu, surtout quand il y avait pire que lui en face. Il finit donc par accepter l’aide qu’on lui proposait avant d’accepter de se rendre dans l’arrière-boutique, supposant que c’était là que le propriétaire gardait sa marchandise, ce que ce dernier confirma. Caesar en profita pour le rassurer sur le fait que c’était très bien organisé, ce dont le soldat ne doutait pas, après tout si c’était sûrement important d’avoir une réserve bien rangée dans la vente. Avant qu’ils se rendent sur les lieux, Nath posa une dernière question à la victime, il voulait savoir si le Lynch avait remarqué quelque chose d’étrange dans les jours précédents le vol. Cela sembla faire réfléchir le jeune homme qui lui parla alors de deux enfants aux questions assez suspectes. Évidemment, le soldat prit tout de suite les informations en note.
15 minutes de pause ?! C’était sûrement ce qui le surprit le plus dans la déclaration de Caesar. Il connaissait des gens accros à leur travail au point d’y passer plus de temps que ce qu’ils devraient, mais des gens qui ne prenaient que 15 minutes de pause dans la journée pour manger, personne. Comment était-il possible de profiter de sa nourriture en seulement quinze minutes ? C’était impossible. Le métis ne s'imaginait même pas prendre aussi peu de temps pour déguster un repas. Mais il ne dit rien et espéra que sa surprise sur ce laps de temps tellement court ne se voyait pas sur son visage.
Après avoir noté le fait que Caesar se soit senti mal la semaine précédente, ils se rendirent dans l’arrière-boutique où le soldat put commencer à inspecter les lieux. Évidemment, cela faisait déjà plusieurs jours que le vol avait eu lieu, il y avait donc peu de chance qu’il trouve quelque chose qui aurait pu échapper au propriétaire des lieux, puis les allers-retours quotidiens avaient déplacé ou détruit les indices qu’il y avait peut-être eu. Le soldat se déplaça alors dans l’arrière-boutique, regardant au sol, s’approchant des portes et regardant même sous les meubles. S’il y avait eu des traces de pas, évidemment, elles n’étaient plus là aujourd’hui, par contre, en ouvrant la porte arrière de la boutique, il remarqua au sol un dessin, comme si des enfants s’étaient amusés ici et cela aurait pu être le cas s’il n’avait pas vu la même marque derrière plusieurs autres boutiques cambriolées. Des traits à moitié effacés par les éléments. Il prit une photo à l’aide de son téléphone puis rentra. C’est à ce moment que Caesar lui fit part de son idée que les enfants devaient être en repérage, même s’il n’acceptait pas d’avoir pu être trompé par ces derniers.
“Je serais vous, j’installerais un paratonnerre parce que je suis d’accord. Je pense que ces enfants étaient là en repérage. Venez voir.”
Il lui fit signe de le suivre et retourna à l’extérieur où il avait vu la marque. Il montra du doigt cette dernière au marchand avant de sortir son téléphone et de lui montrer plusieurs photos prises à divers endroits d’une marque similaire.
“J’ai repéré le même dessin derrière d’autres boutiques victimes de vols. Il y a pas mal d’enfants en ville, il est donc facile de prendre ces marques pour un jeu, mais leurs récurrences est trop importantes pour être une simple coïncidence, je pense que c’est un message pour ceux qui passent après eux.”
Une fois rentré à la caserne, il se renseignerait pour savoir si cette marque avait déjà été vue ailleurs où s'il y avait déjà eu des crimes ou délits près desquels elle avait été retrouvée.
“Les gens ne se méfient pas des enfants, on les pense innocents et s’ils posent des questions, on associe ça à de la curiosité, c’est pour ça que les gens qui sont derrière les utilisent. Je n’ai rien trouvé dans votre arrière-boutique qui pourrait servir d’indice. Pour le moment, nous devrons nous contenter de ça. Est-ce que vous pourriez me décrire ces enfants qui vous ont posé des questions ?”
Les autres commerçants ne lui avaient pas parlé d’enfants, mais il pourrait maintenant les questionner sur ce fait directement et si Caesar était capable de se souvenir de détails à leurs sujets, ce serait encore mieux. Après quelques minutes supplémentaires, le métis avait tout ce dont il avait besoin ici, il devait continuer sa visite des boutiques, mais il n’oubliait pas qu’il travaillait en binôme désormais.
“ Je vais me renseigner de mon côté, aller voir les dernières boutiques de l’allée qui ont été victimes de vol et je vous recontacterai, j’ai le numéro de votre boutique. Si jamais vous trouvez des choses suspectes d’ici ou que vous revoyez ces enfants, appelez-moi.”
Il écrivit son numéro sur une feuille vierge de son carnet qu’il déchira pour la tendre au jeune homme. Il lui tendit ensuite la main pour le saluer, voulant terminer sa récolte d’informations aujourd’hui pour faire des recherches plus précises et revenir rapidement vers monsieur Lynch pour discuter de tout ceci.
avec Nathaniel Singh qui est vraiment trop beau quoi
Il laissa Nathaniel examiner son arrière-boutique, et après qu'il soit revenu de sa première investigation, il lui fit part de ses doutes concernant un éventuel repérage de la part de ces gosses, qui étaient venus dans sa boutique à plusieurs reprises ces dernières semaines.Il laissa Nathaniel examiner son arrière-boutique, et après qu'il soit revenu de sa première investigation, il lui fit part de ses doutes concernant un éventuel repérage de la part de ces gosses, qui étaient venus dans sa boutique à plusieurs reprises ces dernières semaines. Il l'intima de venir voir de quoi il en retournait à un endroit dans le fond de la boutique.
Nathaniel lui expliqua en lui montrant une marque au sol, indiquant qu'il s'agissait d'un signe récurrent dans des boutiques également victimes de vols. Il n'était pas question d'un jeu, même si elle avait été apposée par des enfants, mais probablement d'un message pour ceux qui leur succédaient. Caesar était époustouflé. Il n'avait pas réfléchi plus que ça sur cette marque, et ne se rappelait même pas l'avoir vue, finalement. Le Singh continua en lui disant que les gens ne se méfiaient pas des enfants, leur excusant une éventuelle curiosité. C'était en revanche le seul indice qu'il avait trouvé, il allait falloir s'en contenter.
Il fallait à présent que Caesar lui décrive les enfants qu'il avait vu. Le commerçant les décrivit comme débraillés et portants des vêtements de couleur sombre à chaque fois qu'il les avait vu. Ils regardaient souvent en direction de l'arrière-boutique également, maintenant qu'il s'en rappelait. C'était sûrement une indication qui allait dans le sens du repérage, mais César s'en voulait de ne pas y avoir fait plus attention que ça. Nathaniel lui indiqua qu'il allait chercher de son côté en allant interroger les autres boutiques qui avaient été volées, et le recontacterait plus tard. Il lui laissa son numéro et le salua en tendant la main. Caesar la serra en une poignée de mains.
- On s'appellera alors, dit-il avec un clin d'oeil. Merci pour votre aide ! ajouta-t-il avec un sourire.
Caesar voulait aussi en finir et débusquer les sales gosses qui avaient permis à leurs dirigeants d'enfler les commerçants de l'allée et lui avec. Puisque Nathaniel s'était rapidement montré extrêmement efficace, il ne doutait plus du tout que cette affaire allait se résoudre assez vite. Il était actuellement satisfait. Mais il était temps qu'il fasse usage de son propre réseau pour en apprendre plus sur cette marque. Sur Internet, il n'y avait pas vraiment d'informations, alors profiter du réseau mis à sa disposition avait été le plus simple. Il transmit donc l'information à un membre de sa guilde : l'illégale, mais non pas moins au courant des affaires de cette partie du monde plus lumineuse, Hydra Roar.
Après quelques heures, son informateur revint vers lui avec davantage de savoir. Il s'agissait d'une organisation à multiples branches plutôt dans son coin, pyramidale, qui opérait dans tout type d'activités : trafic de drogue, prostitution pour le plus grave, extorsions, arnaques, et vols à l'étalage et de tout type pour les plus basses besognes. Personne ne savait où leur base se trouvait, évidemment, mais ils sévissaient dans les grandes villes et particulièrement à Crocus puisque les richesses s'y concentraient. Ils aimaient toutefois apposer une espèce de marque pour que les membres les plus en bas de l'échelle se reconnaissent sans se connaître réellement, permettant de garder le secret des opérations. Il remercia son informateur et lui fit un virement sécurisé, puisque toute information utile possédait un coût en ce bas-monde.
L'organisation ne semblait pas si importante en taille, déjà parce qu'ils n'avaient pas de nom, juste un symbole et encore, peu sûr qu'il s'agisse d'une marque relative à toutes leurs activités. Si c'était le cas qui plus est, le gouvernement serait déjà probablement un peu plus informé que par des vols de marchandise. Le groupe devait être récent et n'avait pas encore osé bien se montrer. Caesar aurait aimé qu'il disparaisse. Il savait qu'il y avait de belles saloperies en ce bas-monde, mais si ça touchait ses activités alors qu'il n'avait rien demandé ça le dérangeait au plus haut point. S'il pouvait faire d'une pierre deux coups en mettant le gouvernement davantage sur leur piste pour que les habitants cessent de subir cette mafia, et s'assurer sa propre tranquillité, alors il n'hésiterait pas. Il était important de retrouver ces enfants, toutefois, avant de penser à démonter une organisation pyramide de moyenne échelle. Il ferma sa boutique plus tôt et se rendit dans les allées moins fréquentées de la capitale. Qu'elle ne fut pas sa surprise quand, après une heure de repérage de toutes ces rues, il vit les gosses jouer avec des bâtons et parler entre eux.
- Ça par exemple, prononça-t-il pour lui-même à voix basse.
C'étaient les deux lascars qui étaient venus à sa boutique récemment, il le savait. Il fallait qu'il appelle Nathaniel, il serait plus à même de les interroger. Décrochant son téléphone, il s'exécuta et quand il entendit que ça décrochait, il parla rapidement de la situation et de l'endroit où il se trouvait, plus reculé dans la périphérie de la ville que là où se trouvait sa boutique. Il gardait les gosses en visuel. Il était bien tenté de les choper par le col, mais ils n'avaient pas l'air de vouloir bouger de sitôt. Il espérait que Nathaniel rappliquerait vite. En plus, il avait pas mal d'informations même si rien de concret, il allait en profiter pour diriger l'interrogatoire à venir en ce sens pour surprendre les enfants et leur faire cracher tout ce qu'ils pouvaient, lui et Nathaniel.
Comme il commençait à le penser, ces vols semblaient bien être l'œuvre d’une organisation un minimum organisée. La trace qu’il avait trouvée à l’arrière de la boutique du Lynch était semblable à celle qu’il avait vue près d’autres boutiques victimes de vols. Il expliqua ceci au jeune homme avant de lui demander de lui décrire les enfants, notant les adjectifs que lui donnait la victime. Ne pouvant rien faire de plus ici, le soldat indiqua au marchand qu’il allait continuer à se renseigner de son côté et qu’il le recontacterait dès qu’il aurait plus d’informations. Il arracha une page de son carnet sur laquelle il nota son numéro avant de la donner à Caesar avant de lui tendre la main pour le saluer. Ce dernier lui serra la main et lui affirma qu’ils s’appelleraient, avant de le remercier.
Après avoir quitté son nouveau partenaire d’enquête, le métis continua sa tournée des magasins de l’allée victime de vols. Il questionna les commerçants, parlant cette fois-ci directement des enfants, maintenant qu’il avait cette information, il pouvait vérifier si les autres avaient également vu ces enfants avant de voir une partie de leur stock disparaître. Il continua également de faire le tour des boutiques pour essayer de trouver la marque qu’il avait déjà repérée dans les autres commerces et que ce soit pour les enfants ou la marque, ils revenaient à chaque fois. Ce n'était donc plus une supposition, mais une certitude qu’il avait que ces enfants venaient en repérage pour une organisation plus grosse.
Une fois tous les commerçants interrogés, le soldat rentra à la caserne où il put commencer à faire des recherches. Peut-être que ce symbole était déjà apparu ailleurs en ville et qu’un de ses collègues l’avait déjà noté. Il chercha donc dans les rapports de vols des dernières semaines et en effet, un de ses collègues avait noté la présence de ce symbole dans une série de vols de l’autre côté de la capitale. Alors qu’il était sur le point d’appeler son collègue pour lui pose plus de questions sur son rapport, le téléphone du métis se mit à sonner, il décrocha donc en se présentant. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit Caesar qui l’appelait déjà. Mais ce dernier avait une très bonne raison de le faire puisqu’il affirma qu’il avait retrouvé les enfants qui avaient fait du repérage devant sa boutique. Il nota les informations que lui donnait le jeune homme en hochant la tête.
“J’arrive tout de suite !”
Répondit-il avant de raccrocher. Il se dépêcha de se rendre au parking de la caserne où il emprunta un véhicule afin de se rendre le plus vite possible sur les lieux. Il ignorait si les enfants tentaient de fuir où si caesar les tenait bien donc il préférait faire vite. En arrivant sur place, il trouva rapidement le petit groupe, se gara et alla à leur rencontre. Il devait faire suffisamment peur aux plus jeunes pour qu’ils disent ce qu’ils savaient, mais pas trop peur non plus pour qu’ils ne se ferment pas comme des huitres.
“Vous avez été rapide pour les trouver.”
Fit-il remarquer à son partenaire avant de tourner son regard vers les enfants. Il s’approcha d’eux, les mains sur les hanches.
“Bonjour les enfants. Vous allez venir avec nous à la caserne, j’ai quelques questions à vous poser. Ce sera rapide, après vous pourrez rentrer chez vous.”
Il était selon lui plus sûr de les interroger à la caserne. Personne ne viendrait les interrompre et les enfants ne pourraient pas fuir. Nathaniel leur attrapa donc un bras chacun sans serrer pour ne pas leur faire mal et les conduisit vers la voiture. Il les fit monter à l’arrière et regarda le Lynch.
Lui dit-il en souriant légèrement pour éviter que les enfants le voient. Ceci avant de se remettre au volant. Il attendit que Caesar soit à bord et verrouilla toutes les portières avant de se mettre en route. Une fois arrivé, il fit sortir les enfants et les conduisit jusqu’à une salle d’interrogatoire, leur offrant à chacun un verre d’eau avant de s’asseoir de l’autre côté de la table avec le marchand,mettant en route un enregistreur vocal.
“Comment vous vous appelez ?”
Les enfants se regardèrent, mais ne répondirent pas. Le jeune homme répéta donc sa question de manière un peu plus ferme et cette fois-ci ils baragouinèrent quelque chose en même temps ce qui rendit ce qu’ils dirent incompréhensible.
“Je n’ai pas compris.” “Marcel/Gertrude” “Je suis monsieur Singh, et mon partenaire, monsieur Lynch. Les enfants, j'aimerais que vous me parliez de ce symbole.”
Dit-il avant de leur montrer le symbole qu’il avait recopié dans son carnet.
avec Nathaniel Singh qui est vraiment trop beau quoi
Nathaniel avait été des plus réactifs puisque, une dizaine de minutes plus tard, il était déjà là, sortant de son véhicule non loin de là où se tenait Caesar. Il lui fit remarquer qu'il les avait trouvés rapidement, ce qui fit esquisser un sourire fier au Lynch. Il avait un réseau très efficace, il fallait dire ! Il déglutit en voyant le soldat s'approcher directement du groupe pour leur intimer gentiment de les suivre jusqu'à la caserne, les amenant ensuite vers sa voiture. Caesar n'était pas sûr de ce qu'il devait faire, mais le métis lui demanda de venir aussi. Être son partenaire d'interrogatoire... Voilà une proposition qui fit malgré tout plaisir à Caesar. Depuis le début, il avait presque exigé d'aider à l'investigation, et Nathaniel répondait à cette demande en lui proposant une telle chose. Le petit sourire qu'il lui fit trouva son jumeau qui illumina le visage du brun aux yeux d'azur.
Après un trajet en voiture, ils arrivèrent ensuite à la caserne, les enfants n'avaient pas contesté, chose que le Lynch trouvait curieux, mais face à laquelle il ne dit rien. Ils devaient être impressionnés que Nathaniel conduise extrêmement bien, même si c'était probablement parfaitement normal pour un agent du gouvernement. Ils étaient désormais dans une vraie salle d'interrogatoire ! Caesar, malgré son masque de citoyen gentilhomme et travailleur, savait qu'un jour, il se trouverait peut-être du mauvais côté de la table, enfin encore fallait-il qu'il ait fait quelque chose de mal, bien sûr !
Les enfants ne pipèrent pas un mot malgré l'interrogation du soldat. La seconde fois, il se montra plus ferme, et ils marmonnèrent, pour finalement donner leurs prénoms tous les deux de plus vive voix. Il leur montra ensuite le symbole. Des enfants restaient des enfants. Ils avaient beau savoir mentir, l'expression qui passa sur le visage de Gertrude était des plus parlantes. Marcel commença à baragouiner un mensonge, mais Caesar le coupa en regardant Gertrude.
- Tu le reconnais, n'est-ce pas ? Puisque tu l'as apposé dans ma boutique avec ton ami ici présent, commença Caesar. - Non, c'est pas vrai ! dit Marcel.
Caesar soupira légèrement. Il espérait intérieurement que Nathaniel ne lui en veuille pas de conduire en premier lieu l'interrogatoire, mais il voyait bien que la réticence des enfants et leur envie de dissimuler des informations devaient en premier lieu être démolies avant de pouvoir enfin progresser dans l'enquête. Il regarda quelques secondes son camarade métis qui l'accompagnait dans cette drôle de journée, comme pour avoir son consentement tacite. Techniquement, il l'avait eu, de manière très explicite, quand il l'avait invité à venir avec lui. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même si Caesar prenait les rênes ! Mais il ne comptait pas les garder longtemps, il n'avait pas à s'en faire. Il jeta un oeil aux enfants, avant de se refocaliser entièrement sur eux en prenant une moue compatissante, pour les amadouer.
- Écoutez les enfants, je sais que vous ne faites pas ça par envie. Tu dois t'occuper de ta soeur, je me trompe, dit-il en s'adressant à Marcel. - Comment vous savez que c'est ma soeur ! - Bah, ça se voit, vous avez le même air de fouine, faillit-il répondre. Vous avez les mêmes yeux, mais par contre, je n'ai jamais dit que c'était elle, ta soeur, ajouta Caesar avec un air confident. Vous n'avez rien dit dans la voiture, pourtant des enfants ne se laisseraient pas emmener comme ça par des inconnus. Ce qui laisse suggérer qu'on vous a dit de vous laisser faire, et de ne rien dire si des policiers venaient vous poser des questions. Peut-être que maintenant, vous allez pouvoir commencer à dire la vérité sur l'organisation qui est derrière ce symbole et qui vous donne des ordres, demanda-t-il sur un ton faussement interrogateur, puisque c'était la suite logique pour lui.
Les deux enfants prirent un air estomaqué. Caesar avait secoué la fourmilière comme il le fallait. Peut-être était-il de bon ton désormais de laisser Nathaniel faire son travail et de commencer, petit à petit, à préparer le démantèlement de cette organisation de voleurs.
En se séparant du commerçant, Nathaniel n’avait pas du tout imaginé que les choses avanceraient aussi vite. Il avait à peine eu le temps de finir ses interrogatoires et des recherches au QG qu’il recevait déjà un appel du jeune homme qui avait retrouvé les deux enfants qui étaient venus marquer son magasin. Ne voulant pas laisser passer cette chance, le soldat partit immédiatement pour se rendre à l’endroit qu’on lui avait indiqué. Peu de temps après, le soldat arrivait sur place et retrouvait son partenaire improvisé. Les enfants furent alors emmenés jusqu’à la voiture avec laquelle le métis était venu et ce dernier fit alors savoir au commerçant qu’il pouvait venir pour être son partenaire d’interrogatoire, ce que l’homme aux yeux aigue-marine accepta.
Une fois à la caserne ils se dirigèrent tous en salle d’interrogatoire où les enfants furent installés d’un côté de la table et les adultes de l’autre. Le soldat décida de commencer par une question simple, leur demandant leur nom. Pourtant aucun des deux ne sembla avoir envie de répondre, il dut donc se montrer plus ferme et réussi ainsi à obtenir un marmonnement de prénoms. Il se présenta ensuite et présenta son partenaire avant de rentrer dans le vif du sujet en leur montrant le symbole qu’ils avaient dessiné devant la boutique de Caesar. Ne les quittant pas du regard, il écouta le début de soi-disant explication de Marcel, mais Caesar coupa le garçon pour parler à la fille l’accusant directement d’avoir mis ce dessin sur sa boutique, ce que Marcel nia. Pour qu’il vienne ainsi en aide à la petite pouvait signifier qu’il savait qu’elle serait la première à craquer, ou qu’il avait envie de la protéger. Dans tous les cas, elle était donc le point faible du duo.
Le commerçant étant bien parti, Nath hocha la tête pour lui indiquer de continuer quand ce dernier le regarda. Il était inutile de s’y mettre à deux. Même si les enfants avaient fait quelque chose de mal et se mettre à les interroger à deux risquait de leur faire peur et de les fermer. Pendant que Caesar les interrogeait donc, Nathaniel écoutait sérieusement et observait les moindres réactions physiques des enfants. Nathaniel fut presque aussi surpris que les enfants devant les explications de Caesar. Il ne s’était pas attendu à un tel esprit de déduction de la part du commerçant qui pouvait passer sans problème pour un vrai inspecteur. Malgré ces explications, les enfants semblaient toujours ne pas vouloir partager les informations qu’ils avaient en leur possession.
“Nous savons très bien que vous n’y êtes pour rien les enfants. Vous ne faites que suivre les ordres que les adultes vous donnent. Et je comprends Marcel, tu veux protéger ta sœur. J’ai une petite soeur moi aussi et comme toi je ferai tout pour la protéger. Donc tu as ma parole, il ne vous arrivera rien si vous parlez, je me chargerai de votre protection.”
Les deux petits se regardèrent et restèrent silencieux encore de longues secondes avant que Marcel prenne la parole pour expliquer que les adultes du quartier leur avaient demandé de faire le tour des magasins et d’indiquer ceux qui seraient facilement cambriolables. C’étaient eux qui leur avaient demandé de dessiner cette marque. Apparemment quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas venait souvent voir les adultes depuis quelques semaines et ils n’en savaient pas plus.
Nathaniel les remercia alors de leur confession et leur promit que les méchants seraient arrêtés avant de se lever. Il regarda Caesar pour lui faire comprendre qu’il revenait puis quitta la salle d’interrogatoire avec les enfants pour les confirmer à une de ses collègues qui allait prendre en charge les petits. Une fois que ce fut fait, il alla retrouver Caesar dans la salle d’interrogatoire.
“C’est bon, une fois les enfants en sécurité on ira tout de suite arrêter les personnes derrière tout ça et j’espère qu’ils nous donneront le nom de la personne que les petits ne connaissaient pas. Je vous remercie pour votre aide dans cette enquête, sans vous cela aurait été beaucoup plus long ! Comment vous avez fait pour retrouver les petits aussi vite ?”
Tout en discutant, il invita le jeune homme à sortir de la salle et le raccompagna jusqu’à l’entrée de la caserne.
“Est-ce que vous voulez que je vous ramène à votre boutique ? Ou chez vous. C’est le moins que je puisse faire pour vous remercier.”
avec Nathaniel Singh qui est vraiment trop beau quoi
Nathaniel était plus doux que Caesar qui s'était montré bien plus rentre-dedans avec les enfants. Même s'il pouvait potentiellement passer pour un inspecteur, il n'était pas aussi tendre que lui. C'était son côté bon en affaires et donc cinglant qui ressortait le plus à cet instant. Nathaniel rassurait plutôt Marcel, après que le Lynch l'ait bien cuisiné. Il apprit ainsi de sa bouche qu'il avait une petite sœur. Cela lui rappelait qu'il ne connaissait en fait rien du métis qu'il avait rencontré pour la première fois il y a quelques jours. Une étrange sensation de besoin d'en savoir plus s'était installé en lui. D'habitude, avoir des informations sur les gens n'était primordial qu'en affaires. Était-ce son côté négociateur qui lui faisait ressentir ça ?
Nathaniel fit savoir à l'enfant qu'il les protégerait, et Caesar eut un léger sourire des plus discrets. Protéger quelqu'un d'autre que sa propre personne était quelque chose qui lui était inconnu. Il ne vivait que pour lui. Mais pourtant, la douceur du métis le touchait étrangement. Encore un sentiment étranger. Il regarda Marcel et sa sœur et ne put s'empêcher de penser qu'il aurait aimé qu'on lui dise la même chose à leur âge. Le sourire devint amer, puis s'effaça rapidement. Les deux enfants révélèrent leurs plans : ils n'étaient que de petites mains ne sachant pratiquement rien. Une œillade de Nathaniel lui fit comprendre qu'il allait revenir dans la salle d'interrogatoire dans quelques instants, laissant Caesar cette fois-ci bien seul avec ses pensées.
Que dire ? Le sentiment du devoir accompli ne le touchait qu'à peine. Il était bien plus inquiété par le fait de savoir si sa boutique allait enfin être tranquille. Mais ça, ce ne serait qu'une fois que Nathaniel allait lancer la suite des opérations. Il fit intérieurement le point sur sa semaine, et quand la porte se rouvrit et qu'il revit le visage du Singh apparaître dans la salle, il eut un sourire sincère aux lèvres, comme ceux qu'il lui avait offert au fil des jours, plus pour le rassurer et par honnête bonté venant du soldat. Il était rare que Caesar veuille bien rendre la pareille, mais ce sentiment d'inquiétude s'étant envolé en revoyant l'homme aux prunelles violettes, il se sentait reconnaissant. Nathaniel le remercia pour son aide, avant de lui demander comment il avait procédé pour retrouver les enfants.
- Oh, vous voulez savoir mes petits secrets ? dit-il avec un clin d'oeil. Sans lui laisser le temps de répondre, il enchaîna simplement : Disons que j'ai un bon réseau, je suis un commercial après tout !
Et rien de plus, bien sûr, pensa-t-il. Sûrement pas un criminel travaillant main dans la main avec une organisation voulant potentiellement rayer tous les non-mages de la carte. Le sentiment de légèreté offert par la présence de Nathaniel s'effaça à cette pensée. Il n'était en aucun cas fruit du hasard que sa magie ait été nommée Corrupted Soul. Il s'agissait de sa propre volonté, car il lui fallait un rappel constant qu'il n'était absolument pas une bonne personne et qu'il ne méritait pas les sourires de Nathaniel. Et pourtant, une pensée germa malgré tout dans son coeur, tandis que le soldat lui proposa de le raccompagner pour le remercier : " Je veux être heureux ". Son cœur se pinça. Ce sentiment nouveau, il l'espérait éphémère, car il le savait dû à cette horrible magie qui décuplait tous ses ressentis. De la gratitude, on passait d'abord par l'entente, l'affection, l'amitié, et si l'on avait de la chance, on finissait sur de l'amour, ou bien de la haine si on n'en avait pas. Mais Caesar lui, comprit bien plus tard que ce qu'il ressentirait pour Nathaniel allait se transformer en obsession maladive. Il ne le savait pour l'instant pas encore, alors il sourit gentiment au soldat.
- Je vous laisse me raccompagner à ma boutique, je n'aime pas trop qu'on voie où j'habite... Peut-être une autre fois ? dit-il avec un sourire presque charmeur. Le ton de sa voix impliquait que l'idée de revoir le soldat ne le dérangeait pas, mais sans trop être dans le flirt pour autant car après tout, s'il avait envie de le draguer, aurait-il refusé de se faire raccompagner devant chez lui ? En proie à son propre conflit interne quant à la gratitude de Nathaniel qu'il faisait tout pour ne pas interpréter comme autre chose, Caesar avait passé bien trop de temps en compagnie du soldat, temps qui avait fait naître en lui une étincelle qui allait sûrement et durablement se transformer en brasier. Alors mieux valait ne pas pousser sa chance. Il n'avait le droit qu'à des miettes de légèreté, et il s'en contenterait.
Nathaniel le raccompagna. Et plus tard, Caesar, rentrant chez lui, s'effondra sur son lit, encore habillé, son pincement au coeur toujours présent. Il s'insulta intérieurement de n'être qu'un idiot. Mais lui-même ne comprenait pas grand chose à ce qu'il ressentait.
Il ne pouvait que s'endormir simplement, et dès le lendemain il reprendrait le cycle de sa misérable vie, revêtant à nouveau ce masque de charmant commercial, tentant vainement de combler le vide de son existence.
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